13ème dimanche Temps Ordinaire – Année B

28/06/2015

Mc 5, 21-43

Le toucher de la foi

Par Pierre Abry , curé

     Deux femmes. L’une, à douze ans, est  déjà morte. L’autre, depuis douze ans déjà, souffre d’une perte de sang, d’une vie qui se perd. Deux femmes figures d’une même humanité dont la vie s’écoule, se perd et chemine vers la mort. La femme hémorroïsse a « beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ». La médecine ne détient pas la clé de l’immortalité, ni la jeunesse et la santé le gage d’une vie en plénitude. La fin est inéluctable et pourtant, assure le Livre de la Sagesse, « Dieu n’a fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants… Il a créé l’homme pour une existence impérissable, il a fait de lui une image de ce qu’il est en lui-même. » (Sg 2,23). Dieu est touché par notre humanité mourante et se laisse toucher par elle dans la foi.
    La femme hémorroïsse est sûre d’être sauvée, si seulement elle touche le vêtement de Jésus. Dans la foule qui le presse, beaucoup touchent Jésus, mais seule cette femme est guérie. Dans la foi, elle touche l’humanité que le Christ a revêtue comme un vêtement, et elle est vivifiée par sa puissance divine. Jésus, touché par la supplication de Jaïre, le père de la jeune fille morte, se rend à son chevet. Il touche l’enfant, la saisissant par la main et lui dit : « Talitha koum ! Jeune fille, lève-toi ! » Aussitôt elle se leva. Elle a été sauvée par la foi d’un autre, son père, à qui Jésus avait dit : « Ne crains pas, crois seulement. »
    La foi est cet espace, à la fois intérieur et communautaire, de la rencontre de l’homme avec le Christ Sauveur. En Christ, Dieu assume l’homme pour le toucher ; en Lui, l’homme peut toucher Dieu. Ce toucher réciproque porte à une rencontre vivifiante, l’expérience de la communion. « La foi est la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas. » (He 11,1)
    Comme l’hémorroïsse, nous sommes appelés à toucher le Christ dans son vêtement, cette tunique sans couture que les soldats ont tirée au sort, dont saint Cyprien dit qu’elle est l’Église sans division, unie par l’amour fraternel. Nous sommes appelés aussi à nous laisser toucher par le Christ, à l’intercession de nos frères, comme la fille de Jaïre. Nous sommes touchés par le Christ dans la foi de nos frères. La rencontre du Christ dans la foi est profondément personnelle et ecclésiale à la fois.