Mc 10, 17-30
« Faire pour avoir… Aimer et être ! »
Par le Père Pierre ABRY,
« Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Faire, pour avoir ! Faire son travail pour avoir son salaire. Oyez ! Oyez braves gens ! Avis à ceux qui ont « tout fait », baptême, première communion, profession de foi, confirmation, mariage à l’église ! Avis à tous ceux qui ont fait leur devoir, national, électoral, conjugal, dominical et même sacerdotal ! Avis même aux plus braves des braves, aux plus touchés par la grâce, qui à l’image de Pierre ont tout laissé pour suivre le Seigneur ! Car celui qui fait, pour avoir quelque chose en retour, n’a pas encore commencé à aimer ! « L’amour ne jalouse pas, n’envie pas, ne cherche pas son intérêt… » (Cf. 1 Co 13).
Celui qui joue au loto ne gagne jamais, ou rarement et presque rien, mais il continue à jouer et rejoue encore, toujours dans l’espoir de gagner ! Si c’est là notre attachement à Jésus, parier sur Jésus pour recevoir le centuple, chercher un intérêt commercial même au renoncement ! Alors pauvre de nous, car nous aurons vraiment tout perdu en ce monde, sans gagner le Christ, ni en celui-ci, ni peut-être même dans l’autre monde.
Rends-toi à l’évidence : tu as tout fait et tu n’as rien obtenu, ou pas grand-chose. Tu as « tout fait », mais comme le jeune homme riche, tu n’as pas cette vie éternelle, cette plénitude jaillissante au fond de toi ! Tu as renoncé à quelques miettes, pensant que le centuple des miettes te donnerait un pain complet ! Mais ce n’est pas de 100 fois la même chose dont parle le Seigneur, mais d’une réelle plénitude, d’autre chose. Non pas de miettes glanées, mais d’un pain qui rassasie, celui que nous demandons chaque jour dans la prière filiale : donne-nous aujourd’hui notre Pain de ce jour, Christ lui-même.
La religion est-elle un « plus », pour se construire, pour obtenir, pour acquérir, pour accroître ? Tu fais pour avoir ? N’as-tu pas compris qu’il s’agit d’aimer et d’être ? Que la joie est d’être avec le Christ, de l’aimer ? « Jésus posa son regard sur le jeune homme, et il l’aima », car c’est bien ce qui lui manque, l’amour. Pauvre homme, que ce jeune homme riche ! Mais pour accueillir ce regard d’amour transformant, il faut renoncer aux autres amours. Comme épouser une femme revient à renoncer à toutes les autres, ainsi vivre du Christ, être son disciple, entrer dans cette communion d’amour, signifie renoncer à appuyer sa vie ailleurs. Une seule chose te manque…