Jn 1,29-34
Ton Créateur t’épousera !
Par le Père Pierre Abry,
La Parole créatrice fait œuvre de séparation, tirant du chaos primitif un cosmos ordonné. Au deuxième jour, Dieu sépare « les eaux qui sont sous le firmament d’avec les eaux qui sont au-dessus. » (Gn 1,7) Le jour suivant, la Parole ordonne « que les eaux qui sont sous le ciel s’amassent en une seule masse et qu’apparaisse le continent. » (1,9) A l’inverse, le péché est déconstruction, régression au chaos liquide et indifférencié. Le déluge, déferlant et submergeant l’humanité en est l’image. Mais Dieu se « souvient ». (8,1) Noé lâcha la colombe, qui « ne trouvant pas d’endroit où poser ses pattes, revint vers lui dans l’arche. » (8,9) Trouverait-elle à se poser aujourd’hui ? Est-il encore terre ferme ou institution qui ne soit sapée par la corruption ? Un homme si intègre d’en devenir le réceptacle ? L’humanité entière est enfermée dans le péché, pour qu’à tous puisse être fait miséricorde. (Cf Rm 11,32)
Depuis Adam, comme un cancer, le péché métastase et prolifère. La colombe ne trouve aucun homme sur qui se poser, en qui reposer, si ce n’est Marie de Nazareth, l’Immaculée qui en est comblée de grâce. L’Esprit Saint, Puissance du Très-Haut, l’a prise sous son ombre (Lc 1,35), et en son sein, le Fils éternel épouse notre humanité, pour ne faire avec elle qu’une seule chair, afin de nous réconcilier au Père. Immergé par le Baptiste dans le Jourdain, lorsque Jésus émerge des eaux, « le ciel s’ouvre, l’Esprit Saint descend sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe, et du ciel une voix se fait entendre : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. » » (Lc 3,22) Enfin l’Esprit, la colombe trouve où reposer, dans l’Unique qui vit la condition humaine à hauteur d’homme, divinement, filialement. Le Baptiste a vu et témoigne : « C’est lui le Fils de Dieu. Celui-là baptise dans l’Esprit Saint. » Avant des noces juives, l’épouse est plongée dans le mikvé, le bain rituel. Notre humanité, assumée par le Christ est plongée dans le bain du baptême de conversion de Jean-Baptiste. Comme l’ami de l’Époux, il prépare les noces et redouble son témoignage : « Qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux qui se tient là et qui l’entend, est ravi de joie à la voix de l’époux. Telle est ma joie, et elle est complète. » (Jn 3,29)
Désormais, tout cœur peut devenir une terre de Nazareth où se pose la colombe pour concevoir le Christ ; une eau du Jourdain où, par la conversion, la colombe donne sa forme corporelle complète au Christ, son Corps ecclésial habité par l’Esprit. Oui, « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » (Ep 3,6) Cette annonce se renouvelle chez nous dès le 23 janvier.