33ème Dimanche du temps ordinaire Année B

Mc 13, 24-32

Il est grand temps

Par le Père Pierre Abry,

        A mesure que l’année liturgique chemine vers son accomplissement, les évangiles du dimanche nous éveillent à la dimension du temps, aux derniers temps où nous sommes, à la fin des temps qui vient. Mais paradoxalement, à mesure que s’écoulent les années de la liturgie existentielle d’un homme, il regarde en arrière, vers le « bon vieux temps ». Les « M&M’S » dans la bouche des enfants deviennent dans celle des anciens, « Mes Meilleurs Souvenirs ». Notre rapport au temps est problématique. A regarder au passé avec nostalgie et vers le futur avec anxiété, nous manquons le présent offert. A vivre ainsi à contre-temps, la vie devient une succession de contretemps. A vouloir remédier à ces funestes effets dont nous sommes nous-mêmes la cause, nous n’avons jamais de temps pour rien, jusqu’à ce que nous ayons, comme des mercenaires, fait notre temps. Le temps chronométré nous file entre les doigts, le temps favorable est à saisir. Pour cela, rien ne sert de vouloir en gagner sur l’agenda, il faut le prendre. Et pour prendre son temps, il faut apprendre à le perdre.

        Le bon vieux temps était-il vraiment meilleur que les temps présents ? En bien comme en mal, « ce qui a existé, c’est cela qui existera ; ce qui s’est fait, c’est cela qui se fera ; rien de nouveau sous le soleil » s’exclame le Qohèleth (Qo 1,9). Les « jours de tribulation » évoqués par l’évangile, sont de tous les temps. Et c’est précisément au cœur de ces contretemps, que Dieu vient à contre-temps à notre rencontre. « Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde… » Ces anges, les « angelos », les envoyés sont les apôtres de tous les temps, les apôtres de notre temps qui, par l’annonce de l’Évangile, donnent d’expérimenter à qui l’accueille, la venue du Fils de l’homme « avec puissance et gloire. » Assurément, aucune génération n’est passée, ni « cette génération ne passera sans que tout cela n’arrive… Sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. »

        Il est donc désormais temps, grand temps, de cesser de passer notre temps à vouloir être de son temps, d’un temps qui passe. Tout passe, « le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. » Christ est la Parole qui ne passe pas. Il est le « Dieu qui est, qui était et qui vient. » (Ap 1,8) Non pas « qui sera », mais « qui vient ». Au cœur même des tribulations, tant personnelles, sociales que géopolitiques du temps présent, le Seigneur vient et se tient à notre porte. Des anges nous sont envoyés, sans prendre rendez-vous, car ni eux, ni nous-mêmes, ne connaissent ou reconnaissent ce jour et cette heure, comme celle d’une venue du Seigneur. Celui qui entend, qu’il s’ouvre…