18/04/2015
Lc 20, 35 – 48
Pierre ABRY, curé
« Ressuscité ? »
« Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous ! » (Lc 24,36) Depuis ce jour, chaque dimanche, lorsque nous en parlons, écoutant la Parole et la prédication, parlant en nous-mêmes et entre nous, le Ressuscité est réellement présent et agissant dans nos vies par la liturgie eucharistique.
Les disciples, saisis de frayeur et de crainte, bouleversés, n’osent pas y croire, si bien que, pour leur montrer le réalisme de sa résurrection, le Seigneur les invite à « voir, à toucher, à regarder sa personne en chair et en os », ressuscitée. Devant leur étonnement, il leur demande de quoi manger ! Et là c’en est trop, nous nous demandons où est passé, dans quel tube et en quels lieux d’aisances, le poisson grillé qu’il a mangé ! Tant que nous penserons le Christ ressuscité en fonction de notre monde, ce sera l’impasse. Il nous faut penser le monde en fonction du Christ ressuscité. Celui qui allait et venait dans l’espace du temple, instruisant par la parole, désormais apparaît et disparaît, dans le temple de son corps ressuscité, présent à tout le créé, enseignant le cœur des disciples par l’Esprit.
Toute forme de vie élaborée porte en elle les formes inférieures et leurs fonctions. Je porte en moi le minéral, au pire par des calculs rénaux, et une flore intestinale indénombrable de bactéries primitives qui donnent aisance à la vie. Le Christ ressuscité, vivifié en sa chair par l’Esprit, porte à son mode d’être achevé notre nature corporelle. Le corps trouve son achèvement dans cette nouvelle manière d’être, ou jouant sur les mots, nouvelle matière d’être, par l’Esprit. Alors, mangerons-nous à la résurrection ? Peut-être ! « Pitié – dit la ménagère – devrai-je faire la cuisine là-bas aussi ! » Pas d’inquiétude madame ! Si nous mangerons, ce ne sera pas par nécessité de nous nourrir, mais pour la joie de la convivialité qui seule donne satiété ! Et nous préparerons un repas de charité !
Dire que des chrétiens délaissent leur baptême de résurrection pour un sous-paradis de 70 vierges ou un nirvana impersonnel ! Quant à moi, je préfère croire en la miséricorde du crucifié en la chair, que de racheter un karma me réincarnant en gallinacé. Plus que de me perdre dans le grand UN, j’aspire à ressusciter dans l’intégrité de ma personne, portant les plaies glorieuses de mes péchés pardonnés, dans la joie de la communion avec ceux que j’ai aimés, et à souffrir encore, de ceux qui n’accueillent pas cet amour.