3ème Dimanche du temps ordinaire Année B

Mc 1, 14-20

Disposition à l’appel

Par le Père Pierre ABRY,

        « Venez à ma suite ! » A l’appel de Jésus, la réponse de Pierre et André, de Jacques et Jean est immédiate. Ils laissent leurs filets, leur « net » et suivent Jésus. Et aujourd’hui ? Certes l’Évangile est éternel, mais il n’est ni atemporel, ni intemporel. Or souvent, nous voyons en cet épisode un instantané photographique, l’entendons comme un récit aussi désincarné que notre foi. Il est des prières pour les vocations qui résonnent comme la fin du ‘benedicite’ de nos enfances : « et donnez du pain à ceux qui n’en ont pas, amen. » J’entendais toujours Jésus dire en sourdine : « Donnez-leur vous-même à manger ! » (Lc 9,13) Si depuis des décennies nous prions, car le Seigneur nous l’a demandé, pour « qu’il envoie des ouvriers à sa moisson » et que le nombre de prêtres ne cesse de diminuer, peut-être le problème est-il mal posé. Il est trop facile de reprocher à Dieu ce qui est problématique chez nous. Pire encore, de trouver là une occasion de refaire l’Église à sa sauce. Le Seigneur n’a-t-il pas appelé des disciples pour en faire des apôtres, des envoyés, plus que des prêtres ? Pour ce que nous faisons de ces derniers, n’y en a-t-il pas bien assez encore ?

        Non, il n’y a pas de magie de l’appel, ni de la réponse. L’appel des pêcheurs galiléens a bénéficié d’une ‘préparation lointaine’ par les liturgies dans leur famille, puis à la synagogue. A l’âge adulte, ils ont cherché, désiré, espéré, prié comme des hommes droits. Cette ‘préparation moyenne’ les a conduits à Jean-Baptiste qui préparait un chemin, sans savoir où il conduirait. Là, leur a été désigné « l’Agneau de Dieu ». Ils l’ont suivi, sont venus à lui, et ont demeuré avec lui ce jour là. Cette ‘préparation immédiate’ les a disposés à entendre plus tard l’appel « viens et suis moi » et à y répondre radicalement.

        Cependant, rien n’est encore joué, même si tout a été misé ! Vient le moment où, parmi les disciples, Jésus « appelle à lui ceux qu’il veux. Ils viennent à lui, et il en institua douze pour être avec lui et les envoyer prêcher, avec pouvoir de chasser les démons. » (Mc 3,13-15) Être avec Jésus et être envoyé déploient l’appel et la réponse dans la mission. Cependant, il faudra encore que les apôtres passent au crible de la passion, soient dénoncés comme pécheurs, avant de devenir véritablement « pêcheurs d’hommes ». « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie… » (Jn 20,21) Car on ne devient pêcheur d’hommes qu’en ayant été soi-même repêché ! Sinon, on n’est qu’un prêcheur aux hommes qui répète une leçon apprise. Et n’est repêché que celui qui a pris conscience de son péché. La déficience des préparations et du déploiement fait le lit de la crise des vocations.

 

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