Jn 10, 11-18
Beau et bon Pasteur
Par le Père Pierre Abry,
Les manuscrits étant unanimes et le grec sans ambiguïté, d’où vient-il qu’on ait toujours traduit « je suis le beau pasteur » par « le bon pasteur ». Quelle est cette beauté « du plus beau des enfants de l’homme » (Ps 44,3), celle dont la bien-aimée du Cantique des cantiques s’est éprise : « Que tu es beau mon bien-aimé, combien délicieux ! Dis-moi donc, toi que mon cœur aime : Où mèneras-tu paître le troupeau ? » (Ct 1,16 ; 7) La beauté du Pasteur est qu’il « donne sa vie pour ses brebis. » Sa beauté est sa bonté, beauté du véritable amour : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13) La difformité du mercenaire, fuyant le loup, est moins dans sa peur, que dans ce qu’il aime : le salaire plus que les brebis. Que dire de la laideur des loups déguisés en brebis et même en pasteurs qui lacèrent, abusent et dispersent le troupeau !
Le Pasteur, le Bon, le vrai, le Beau donne sa vie : « Je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. » La beauté de cet amour se laisser défigurer par la laideur du péché sur la croix. Donné totalement pour les pécheurs le vendredi saint, il se reçoit du Père au matin de Pâques, dans la condition nouvelle de ressuscité. Du même lien d’amour qui le lie au Père, le Beau Pasteur aime ses brebis. « Comme le Père me connaît, et que je connais le Père, je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent. » Cet amour nous justifie, nous sauve, nous embellit. De ce même amour, « aimez-vous les uns les autres. » C’est le seul commandement, le commandement nouveau, que nous ayons reçu de Lui.
La beauté ultime du christianisme est celle du Christ lui-même, dans sa bonté manifestée en nous aimant jusqu’au bout, et répandant en nos cœurs ce même amour, par le don de son Esprit Saint. Comme le Christ Beau Pasteur rend visible le Père, de même l’Église, communauté de frères qui s’aiment comme Christ a aimé, révèle la beauté de son Pasteur. Dans la célébration eucharistique, elle devient le Corps ecclésial de Celui qui livre son Corps. L’édifice qui accueille cette communauté sacramentelle pour la célébration du mystère du Christ, en reçoit son caractère sacré. Aussi, son agencement doit répondre à un langage esthétique, qui exprime dans l’espace, à la fois la beauté du Pasteur et celle de sa corporéité ecclésiale. Les travaux de réhabilitation ont donné à notre église du Bon-Pasteur une beauté nouvelle. Vos beaux gestes de bonté, ont créé un espace qui reflète la bonté et la beauté du Pasteur. Déjà nous habitons cette demeure de Dieu parmi les hommes, par l’amour fraternel qui nous lie en son Esprit.