Jn 8, 1-11
Le temple intérieur relevé
Par le Père Pierre ABRY,
Les faits qui surviennent sur l’esplanade du temple de Jérusalem, le lynchage de la femme adultère, se déroulent aussi en notre intérieur, dans l’enceinte du temple de notre corps, dans le sanctuaire de l’âme qui en est le cœur, dans ce monde intérieur où nous sommes en constant dialogue avec nous-mêmes, en réflexion. « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3,16)
Dans le sanctuaire de notre intériorité, « dès l’aurore, Jésus est assis et enseigne. » Sa parole s’y laisse entendre pour qui ne se contente pas de vivre à la croute des événements, mais se dispose à la profondeur, à la rencontre. Le Seigneur est « dévoré d’un zèle jaloux », pour ce sanctuaire du cœur de l’homme, nous purifiant sans cesse avec force de nos attitudes de changeurs mercantiles, qui font de la prière un négoce avec Dieu. « Ne faites pas de la demeure de son Père une maison de commerce » (Jn 2,16)
Dans ce sanctuaire de l’intériorité, l’âme est tourmentée, malmenée, profanée. O malheureuse âme adultère ! Tu étais destinée à épouser ton créateur et tu t’es unie à tout ce que pouvait offrir la création. « Lève les yeux et regarde. Où ne t’es-tu pas prostituée ? Tu as profané le pays par tes prostitutions et tes forfaits. » (Jr 3,2) Comme Adam, par peur tu t’es cachée parmi les choses de la terre, tu t’y es enterrée. « Où es-tu ? » (Gn 3,9)
Depuis lors, le scribe en toi s’inscrit en faux, t’interprète à charge les Écritures et l’écriture de ta vie ; le pharisien légaliste brandit la Loi et t’accuse : « Tu vois un voleur, tu fraternises ; tu es chez toi parmi les adultères ; tu livres ta bouche au mal… Tu diffames ton frère… Voilà ce que tu fais ; garderai-je le silence ? Je mets cela sous tes yeux, et je t’accuse. » (Ps 49,18-21) Incapable de sauver, la Loi t’accable et te condamne, pauvre âme pécheresse ! Ses tables de pierre sont ta lapidation ! Tu pensais t‘élever, te voici précipitée ; tu aspirais au plaisir, à la joie, à la vie, te voici rassasiée de mépris, de tristesse et morte.
Mais en toi, penché sur ta glaise, le Christ aussi se redresse. Ton sanctuaire est détruit ? Lui, en trois jours le relèvera dans sa Pâque (Jn 2,19). « Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père » Adam (Ps 44,11) « Où sont-ils » ceux qui te condamnaient ? « Moi non plus, je ne te condamne pas » car « pour ceux qui sont dans le Christ Jésus, Il n’y a plus de condamnation. » (Rm 8,1) Qui laisse le regard de la miséricorde se poser sur lui est pardonné. « Celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (Jn 5,24)