16/05/2015
Jn 17, 11 – 19
Par Pierre ABRY, curé
Appelés à la joie
« … Qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. » (Jn 17,13) Quelle est sa joie ? Jésus tressaille de joie sous l’action de l’Esprit Saint, de ce qu’il est connu, c’est-à-dire aimé de son Père ; de ce qu’il connaît et aime le Père en retour ; mais aussi de ce qu’il révèle et fait connaître le Père aux humbles (Lc 10,21-22). C’est à cette joie qu’il invite les disciples qui reviennent de mission : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. » (Lc 10,20) La parabole des talents invitera très simplement : « Entre dans la joie de ton Maître ! » (Mt 25,21)
Bien évidemment, rien à voir avec la pseudo joie aussi inconsistante qu’inconséquente, d’une « blonde » dont l’épaisseur du maquillage cache difficilement la tristesse d’être dans l’exclamation : « Il n’y a pas de soucis ! » Raté ! La joie n’est pas l’absence de soucis. D’ailleurs Jésus demande que nous soyons comblés de sa joie, dans la nuit même qui précède sa passion… C’était quand même un petit souci …
Dieu est Joie, il nous créé dans un mouvement d’exultation de joie. Il trouve sa joie dans sa création, tout comme un artiste qui, lorsqu’il parvient à exprimer ce qu’il porte au fond de son être dans une peinture, une sculpture ou une symphonie, exulte de joie ! La joie est sortie de soi même, extase de l’intériorité ! Nous avons été créés dans la joie, pour la joie et Dieu nous sauve dans la joie ! Quelle joie lorsque la drachme, la brebis ou le fils perdus sont retrouvés ! « Il y a plus de joie au ciel pour un pécheur qui se convertit que pour 99 justes. » (Lc 15,7) La joie de la communion du Père et Fils dans l’Esprit dont Jésus exulte, est appelée à devenir notre joie, dans notre communion avec le Père, en devenant des fils par l’Esprit, et des frères entre nous dans le même Esprit. Elle est fruit de l’Esprit Saint que l’Église reçoit à la Pentecôte. « Le fruit de l’Esprit est paix et joie… » (Ga 5,22)
En contrepoint de cette joie, il y a le plaisir et la gratification qu’offre le monde et l’appartenance au monde, la « mondanité » que le Pape François dénonce inlassablement. Nous ne sommes pas « du monde », même si nous sommes dans le monde. Cessons frères de résister à l’appel de la vie, à l’appel de notre être le plus profond, à l’appel du Seigneur au plus profond de nous-mêmes, à entrer dans la joie de notre Maître.