Lc 2, 22-40 Lumière des nations Par le Père Pierre ABRY, Conformément à la Loi de Moïse, quarante jours après sa naissance, Marie et Joseph présentent Jésus au temple de Jérusalem : « Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. » (Ex 13,2) La famille de Nazareth est accueillie par deux vieillards, Syméon et la prophétesse Anne qui sont la quintessence de l’espérance d’Israël en attente de la consolation. Notre « chandeleur », fête de la lumière est appelée dans la tradition orientale « fête de la rencontre » ; rencontre de Dieu avec son peuple ; rencontre d’êtres habités par l’Esprit Saint qui conduit chacun au bon endroit au bon moment ; rencontre de l’espérance d’Israël avec la promesse réalisée, gage et prophétie d’un débordement sur toutes les nations. Le vieillard accueille l’enfant, l’Ancien Testament porte le Nouveau à bout de bras, Syméon tient en ses mains le salut que Dieu prépare pour tout homme, gloire d’Israël et lumière des nations. Les parents sont dans l’émerveillement de ce qui se dit de l’enfant. Le magnificat prolonge son écho au cœur de Marie : « Il relève Israël son serviteur, il se souvient de sa miséricorde ; de la promesse faite à nos pères, à Abraham et à sa postérité à jamais. » (Lc 1,54-55) Abraham aussi avait tenu entre ses mains l’enfant de sa vieillesse, le fils de la promesse. Lorsque le Seigneur a tiré la vie, du sein stérile et mort de Sarah, ce jour-là, Abraham a exulté et ri de joie. Il tenait entre ses mains Isaac qui signifie « rire », la promesse réalisée, qui attendait cependant encore la surabondance de son accomplissement, dans une « descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel. » (Gn 15,5)Jésus dira du patriarche : « Abraham, votre père, exulta à la pensée qu’il verrait mon Jour. Il l’a vu et fut dans la joie. » (Jn 8,56) A l’image de Marie, l’Église présente le fruit de ses entrailles au monde inexorablement vieillissant et pourtant secrètement en attente. Certes, elle n’est pas le Royaume, mais elle en porte déjà les prémices, un début de réalisation qui est aussi attente d’un plein achèvement. Tout baptisé est appelé à participer de ce mystère de lumière. « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5,14) C’est le sens du cierge, allumé au cierge pascal, et remis entre nos mains. La vie baptismale, consentement croissant de notre liberté à la grâce, nous conduit de promesse en accomplissement, dans l’attente d’un débordement plus grand encore. En effet, « le Dieu qui a dit : « Que des ténèbres resplendisse la lumière », est Celui qui a resplendi dans nos cœurs, pour faire briller la connaissance de la gloire de Dieu, qui est sur la face du Christ. » (2 Co 4, 6) Que la chandeleur illumine chacun de nous, lui donnant de voir ce qu’il a déjà touché de ses mains de la promesse accomplie, pour entrer ainsi dans la joie d’Abraham et de Syméon, et nourrir l’attente du plein accomplissement. |