Lc 1, 26-38 Genèse et engendrements Par le Père Pierre ABRY, « Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. » Ainsi s’ouvre l’évangile selon Marc proclamé ce deuxième dimanche d’avent. Mais le commencement remonte bien en deçà du simple début, il est principe, genèse ; il renvoie au dessein éternel du Père qui, « en Christ, nous a destinés, avant la fondation du monde, à être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour. » (Ep 1,4) L’Immaculée Conception en est l’illustration parfaite. L’oraison de la fête semble un salto arrière théologique : « Seigneur, tu as préparé à ton Fils une demeure digne de lui par la conception immaculée de la Vierge ; tu l’as préservée de tout péché par une grâce venant déjà de la mort de ton Fils. » Comment la Vierge bénéficie-t-elle du fruit d‘un événement qui n‘a pas encore eu lieu ? Remontons les engendrements comme nous y invitera la généalogie de Jésus en Luc à l’approche de Noël. Prenons Noé, qui « avait trouvé grâce aux yeux de Yahvé ; homme juste, intègre dans ses générations, marchant avec Dieu. » (Gn 6,8-9) Piètre juste qui n‘a pas même versé une larme sur l‘humanité submergée, au regard d’Abraham qui lui a intercédé pour Sodome et Gomorrhe ! Noé est donc dit juste « dans ses générations » car il porte la promesse d’Abraham. C’est comme si ce dernier engendrait la justice du premier. Ainsi d’Abraham au regard de Moïse, et des engendrements suivants jusqu’à la Vierge d’Israël qui engendre le Messie, dont la Pâque justifie l’humanité devant le Père. Ce n’est donc pas le passé qui explique l’avenir, mais l’avenir qui donne son sens au passé, l’attirant à lui. Et cet avenir est de toute éternité conçu en Dieu, comme Marie Immaculée. « Ce qui a été lié ne peut être délié que si l’on refait en sens inverse les boucles du nœud… de sorte qu’un premier lien est dénoué par un second et que le second tient lieu de dénouement à l’égard du premier… La généalogie en Luc remonte du Seigneur jusqu’à Adam, indiquant que ce ne sont pas les pères qui ont donné la vie au Seigneur, mais lui au contraire qui les a fait renaître dans l’Évangile de vie… Le nœud de la désobéissance d’Ève est dénoué par l’obéissance de Marie, car ce que la vierge Ève avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie l’a délié par sa foi. » (Irénée de Lyon, Contre les hérésies, 3, 22) Ce déploiement de grâce est en vue de toi, de ton accueil de « Celui qui vient ». En dépend la sanctification « dans tes générations », celles passées qui ont conduit jusqu’à toi, et celles à naître de toi, dans la conception immaculée de la Parole prenant chair en ta chair, par l’Esprit Saint. Comme Marie, toutes les générations te diront alors bienheureux. |