Mc 10, 2-16
Nouvel Adam pour une nouvelle Eve
Par le Père Pierre Abry,
Les trois paroles de ce dimanche, jouant chacune sa partition propre, convergent en une symphonie du salut. « Adam donna leur nom à tous les animaux », que « le Seigneur Dieu avait modelés avec la glaise », tout comme lui l’avait été. Pourtant, il se perçoit différent d’eux : « Il ne trouva aucune aide qui lui corresponde » si bien qu’« une profonde torpeur s’abattit sur lui », n’ayant personne avec qui entrer en communion.
Le Nouvel Adam, le Christ, Bon-Pasteur qui connaît chacune de ses brebis par son nom, qui a assumé la glaise de notre chair, n’a trouvé en notre humanité déchue aucune aide qui lui corresponde. Même ceux qu’il s’était assorti comme disciples, ne furent d’aucune aide au moment de sa passion. Aussi a-t-il « fait l’expérience de la mort, par grâce de Dieu, au profit de tous » entrant, solitaire, dans la torpeur de la mort sur la croix.
« Avec la côte qu’il avait prise à l’homme, Dieu façonna une femme et il l’amena vers l’homme. L’homme dit alors : ‘ Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera femme – Ishsha –, elle qui fut tirée de l’homme – Ish.’» Le Nouvel Adam, de son côté ouvert par la lance, laissa couler l’eau du baptême et le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, l’Église, la nouvelle Eve qui naît du baptême et vit de l’eucharistie. Le Dieu des pharisiens aurait trouvé « n’importe quel motif pour répudier » l’humanité infidèle et adultère. Mais le Père « pour qui et par qui tout existe voulait conduire une multitude de fils jusqu’à la gloire. » Dans le cœur ouvert de son Christ, « resplendissement de sa gloire, effigie de sa substance » (He 1,3), il manifeste sa nature profonde et laisse jaillir son amour inconditionnel. Serait-il homme pour se lasser d’aimer et répudier ?
« Le Christ a aimé l’Église : il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau, qu’une parole accompagne ; car il voulait se la présenter à lui-même, toute resplendissante, sans tâche, ni ride, ni rien de tel, mais sainte et immaculée » (Eph 5,25-27), os de ses os et chair de sa chair. « Celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés, ont tous même origine. C’est pourquoi Jésus n’a pas honte de les nommer frères. »
Dans le dessein créateur, « l’homme quitte son père et sa mère pour s’attacher à sa femme et ne faire qu’un avec elle. » Dans le dessein rédempteur, le Fils éternel quitte le sein du Père pour s’unir la nature humaine, ne faire qu’un avec elle, jusque dans le péché, afin de la réconcilier au Père. « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » Mais en bon pharisien, l’homme trouve « n’importe quel motif » pour répudier le Dieu qui l’a épousé.
27ème Dimanche du temps ordinaire Année B