Mc 16, 15-20
Élévations sur l’Ascension
Par le Père Pierre ABRY,
Après avoir envoyé les apôtres « proclamer l’Évangile à toute la création (…) le Seigneur Jésus est enlevé au ciel à la droite de Dieu. » Élevé au ciel, il n’en est pas moins présent ici-bas et accompagne les apôtres dans l’évangélisation : « Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient. » La promesse faite lors de la dernière Cène s’accomplit : « En vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui aussi, les œuvres que je fais ; et il en fera même de plus grandes, parce que je vais vers le Père. » (Jn 14,12) Démons et serpents sont terrassés ; le venin de la mort a perdu sa nocivité ; le langage nouveau de la Bonne Nouvelle retentit. « Cependant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. » (Lc 10,20)
L’image de la vigne s’inverse. Elle plonge désormais ses racines dans les cieux, pour étendre ses sarments sur la terre, les vivifier de la sève de la communion avec le Père, leur faire porter un fruit d’amour à la gloire du Père. « Du moment donc que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu. Votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu. » (Col 3,1.3)
Semblable à l’épouse du Cantique des cantiques, l’Église naissante a goûté l’amour du Bien-aimé « plus délicieux que le vin » (Ct 1,2) qui la rend belle dans le pardon de ses péchés. « Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes. » L’amour dont elle est aimée fait naître l’amour : « Que tu es beau, mon bien-aimé, combien délicieux » (1,15-16) Inhabitation réciproque décrite par Jean de la Croix : « Je te verrai en ta beauté et tu me verras en ta beauté ; et tu te verras en moi en ta beauté et je me verrai en toi en ta beauté. Et je paraîtrai toi en ta beauté et tu paraîtras moi en ta beauté. Et ma beauté sera ta beauté, et ta beauté sera ma beauté. Et je serai toi en ta beauté, et tu seras moi en ta beauté : parce que ta beauté même sera ma beauté… »
Désormais le Bien-aimé a disparu, mais son empreinte reste dans le cœur, présence réelle de l’aimant dans l’aimée et de l’aimée dans l’aimant. La bien-aimée demeure en cet amour (Jn 15,10) et le cherche encore. « Elle parcours la ville. Dans les rues et sur les places, elle cherche celui que son cœur aime » (3,2), annonçant à ceux qu’elle rencontre l’amour dont elle a été aimée. Et dans cette annonce même, elle « trouve celui que son cœur aime. Je l’ai saisi et ne le lâcherai point » (Ct 3,4)