Jn 14, 15-26
Là où est l’Esprit, là est la liberté
Par le Père Pierre ABRY,
Le mystère pascal n’est pas une célébration d’un dimanche matin, mais un tout inséparable qui englobe la mort et la résurrection du Christ, son ascension auprès du Père, le don de son Esprit à la Pentecôte et son déploiement dans la vie de l’Église.
Dans sa Pâque, le peuple d’Israël a été libéré de la servitude de l’Égypte. Liberté ! Perdue, nous la pleurons. Mais quand nous l’avons, nous ne savons qu’en faire ! Nous la bradons, nous asservissant à des puissances invisibles, intérieures, idéologiques pires que barbelés et miradors. La liberté n’est pas une fin en soi. Elle est donnée à Israël pour qu’il puisse cheminer, faire librement Alliance avec Dieu au Sinaï et entrer ainsi dans la Terre Promise. Par le don de la Loi au Sinaï, que célèbre la Pentecôte juive cinquante jours après Pâque, Dieu fait d’Israël « son peuple », il veut être « son Dieu ». Il conduit ce peuple sur le chemin de la vraie liberté, celle de la conscience, du cœur, par le don des dix paroles de vie, lumière pour les pas de l’homme, lampe pour sa route.
Le Christ, dans sa chair semblable à la nôtre porte la Pâque à son achèvement. Il est lui-même la Pâque de notre salut, l’Alliance nouvelle et éternelle, le Royaume des cieux parmi nous. En lui, l’exode géographique devient passage de ce monde vécu sans Dieu, à la communion retrouvée avec le Père. En lui, la délivrance de l’esclavage de Pharaon devient libération du péché qui asservit le cœur de l’homme. L’Alliance écrite sur des tables de pierre, donnée au Sinaï dans le tonnerre et l’éclair devient Alliance nouvelle écrite sur des cœurs de chair, par le don de l’Esprit Saint qui descend sur les apôtres comme des langues de feu. L’entrée dans la terre de Canaan devient expérience du Royaume, communion de l’amour fraternel, dans l’Église répandue par toute la terre.
« Baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que tous nous avons été baptisés… afin que, comme le Christ est ressuscité des morts, par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle. » (Rm 6,3-4) A quoi bon le baptême, sinon pour une vie nouvelle, une vie confirmée dans l’Esprit ? A quoi sert une pâque, pardon des péchés, sans une pentecôte, don de l’Esprit pour une vie ecclésiale dans l’amour des frères ? Parmi les hébreux, certains regardaient en arrière, rappelant avec nostalgie les marmites pleines de l’Égypte. Tant de baptisés aussi, n’utilisent leur liberté que pour mieux s’asservir au monde, refusant le don de Pentecôte. « Là où est l’Esprit, là est la liberté » (2 Co 3,17), la liberté véritable qui est d’aimer.