Faites retour vers la joie
Mc 1, 14-20
Le début de la proclamation de l’Évangile résonne comme un appel en saint Marc : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » Il y a urgence, car le temps est accompli. Paul dira « qu’il se fait court (…) car elle passe, la figure de ce monde. » (1 Co 7,29.31)
« Le règne de Dieu est tout proche. » Dans la langue de Jésus, l’araméen, le mot « malkouta » signifie à la fois règne et règle. Pour nous aussi, ces mots ont même racine, traduisant l’idée de ce qui est droit. La règle trace des lignes droites, la règle de vie indique le chemin d’une vie de droiture. Dieu règne sur Israël parce qu’il le conduit sur le droit chemin de la vie, lui donnant la règle droite des dix Paroles de Vie.
La conversion dans la mentalité juive, c’est « faire retour », revenir au Seigneur dans le chemin droit de la Parole de Vie, dont les sentiers tortueux de nos coeurs nous ont éloignés. On pourrait donc paraphraser ainsi : « Faites retour à Dieu, car la règle, la Tora, l’alliance s’est faite proche » ; « retournez, revenez à Dieu, car Dieu s’est approché de vous en Christ, son chemin s’est fait proche, bien plus proche encore que lors du don de la Loi sur le Sinaï. » Car désormais le retour est possible, proche, accessible, en Christ, Bonne Nouvelle faite chair, qui s’est fait semblable à nous, pour nous faire revenir vers son Dieu et notre Dieu, son Père et notre Père.
« Souviens-toi que tu es glaise et que tu retourneras à la glaise ! » Retourne à l’argile pour te remettre entre les mains de Celui qui a façonné le premier homme de la glaise et lui a insufflé son Souffle de Vie. Laisse-toi façonner par la Parole, à l’image et à la ressemblance du Fils. Entends son appel à te mettre à sa suite, appel porté aujourd’hui encore par de pauvres prophètes comme Jonas, qui bâclent en une journée seulement le travail qui en nécessitait trois ! (Jon 3, 3-4)
Nulle exigence, mais la joie d’une Bonne Nouvelle. Le chrétien n’est pas un parfait ! Les jeunes diraient qu’il est « à la masse » et « à la ramasse ». On est chrétien à la ramasse se laissant ramasser par le Seigneur qui passe. Chrétien, on est pauvre pécheur, et comme ceux du Lac, on devient pêcheur d’hommes.
Pierre ABRY, curé