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Jn 16, 12-15
Introduits dans la vérité toute entière
Par le Père Pierre Abry
« Jésus de Nazareth, oint de l’Esprit Saint et de puissance, a passé en faisant le bien, guérissant tous ceux qui étaient tombés au pouvoir du diable; car Dieu était avec lui. » (Ac 10,38) Aux disciples qui l’ont suivi, Il a révélé le Père. Mais au seuil de sa passion, lors de la Cène, alors que tout semble dit, il affirme : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire… » – sans doute même les plus importantes – « mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. » La parole du maître cède la place à son œuvre, pour laquelle il est « venu à son heure », sa mort du péché des hommes et sa résurrection par l’Esprit vivifiant, pour réconcilier l’homme au Père. Cette révélation ultime, les disciples ne peuvent la « porter » avant que le Fils de l’Homme n’ait « porté » la croix et porté la Pâque à son accomplissement.
« L’Esprit de vérité vous introduira dans la vérité tout entière », c’est-à-dire, dans le Christ lui-même, « Chemin, Vérité et Vie. » (Jn 14,6) En effet, L’Esprit n’ajoute pas une autre révélation à celle du Christ, « ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même. » « Ce qu’il aura entendu, il le dira. » Il nous fera entendre cette relation dialogale éternelle du Père et du Fils. Plus encore, « ce qui va venir, il vous le fera connaître. » Il nous introduira dans cette relation trinitaire sur le point d’advenir dans la Pâque du Fils, « premier né d’entre les morts » (Col 1,18), « aîné d’une multitude de frères » destinés « à reproduire l’image du Fils. » (Rm 8,29) Le mystère de la Trinité ne se dissèque pas avec l’intelligence rationnelle. L’Esprit y introduit, nous donnant de partager la vie divine, relation au Père, dans l’Esprit, en devenant ses fils.
La Pâque accomplie, le disciple devient réceptacle de ce don, capable de le « porter », uni et configuré au Christ par l’Esprit. « Ce trésor, nous le portons en des vases d’argile… Nous portons toujours, en notre corps, la manière de mourir de Jésus, pour que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre corps. » (2 Co 4,7.10) En Jésus de Nazareth, Dieu fait « kénose », il s’abaisse et se manifeste dans l’homme. De même, l’Église est la « kénose » de l’Esprit Saint dans l’humanité. L’Esprit, « lui, me glorifiera. » Il donne au Christ toute sa gloire, son « kavod », son poids, lui agrégeant les membres de son corps ecclésial ressuscité.
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » (Jn 14,23) Ainsi de notre saint patron que nous fêtons, Antoine de Padoue. Le Greco le représente tenant le livre des Écritures ouvert, avec en son centre, comme en un nid d’oiseau, le Verbe fait chair dans la mangeoire de Bethlehem, « maison du Pain ». La Parole se fait chair en qui la garde. Antoine tient à la main le lys de la pureté : « Heureux les cœur purs, ils verront Dieu. » (Mt 5,8)